dimanche 9 août 2020

Les stigmates de César

Vu récemment dans le Figaro Hors série « Provence éternelle » de ce mois-ci : les stigmates de César. Le portrait du Rhône présente tout un canevas de rides d’expression et de marques de l’âge qui sont communs aux portraits de César, tandis que les « images césarisantes » relatives au concept « d’image d’époque » développé par Paul Zanker, ne possèdent au mieux que la moitié de ces critères physionomiques.


                Tiré de l'article de Michel de Jaegherre dans le Figaro hors série

Tiré de : L. Long 2012, Contexte d'identification et d'étude archéologique du césar d'Arles, in La sculpture romaine en Occident, Nouveaux regards, BAMA 20.

vendredi 17 juillet 2020

Une petite Excalibur sort du Rhône

Un petit glaive romain à manche d’ivoire, découvert dernièrement dans le Rhône, livre ses secrets. Après nettoyage, l’arme damasquinée de cuivre rouge et de laiton laisse apparaître un personnage près de la garde. Plutôt qu’un poignard dédié à Sol Invictus ou un couteau sacrificiel en l’honneur de Mithra, car le personnage ne porte pas de tunique courte et sa coiffe n’est vraisemblablement pas une couronne solaire ni un bonnet phrygien, on pense alors à une Minerve casquée, au long péplos, tenant de sa main gauche une lance, la dextre appuyée peut-être sur le bouclier disparu ?

L'objet avant traitement chez Acorros (photo L. Long)

L'objet après traitement (photo L. Long)

Détail du personnage dont on devine encore les traits du visage (photo L. Long)

lundi 8 juin 2020

DES EPAVES CHARGEES DE BARRES DE FER PORTENT LE LABEL "LE GAULOIS"


La poursuite des fouilles sous-marines au large de la Camargue et des Saintes-Maries-de-la Mer, par Luc Long (DRASSM) et son équipe (2ASM), à bord du Triton, a permis de mettre au jour au total plus d’une vingtaine d’épaves antiques chargées de barres et de lopins de fer. Au vu des premières analyses, l’origine de ces matières premières semblait gauloise et désignait pour partie les gisements sidérurgiques gallo-romains de la Montagne Noire. Les dernières plongées  d’expertises sur l’épave SM33, par 15 m de fond, le confirment. Certaines des barres prélevées à titre d'échantillon sont estampillées GALLICUM, ce qui sous-entend qu’on surnommait ce fer « Le Gaulois ». Aujourd’hui en traitement au laboratoire Acorros (Arles), ces objets seront bientôt présentés dans le futur Musée des Saintes-Maries-de-la-Mer, le projet voulu par le maire de la ville, Roland Chassain, dont la construction sera bientôt achevée. Les nombreuses épaves antiques du début de l’Empire qui se sont échouées à l’époque à 200 ou 300 m du bord, sur des bancs de sable, permettent de restituer le paléorivage de l’embouchure du Rhône de Saint-Ferréol, le bras du fleuve le plus emprunté durant la navigation antique.


Relevage d'une concrétion de l'épave contenant des barres de fer (fouille Camargue : Luc Long, photo Giorgio Spada)


Frottis du timbre imprimé sur lac fragment de  barre de fer (photo Luc Long-Drassm)


Vue de deux estampilles "GALLICUM" sur l'une des barres romaines (photo Luc LONG-DRASSM)


Timbre imprimé sur barre de fer :  "Gallicum", relevé Luc Long (DRASSM)


                             Le navire du DRASSM "TRITON" (14m de long) dans le port des Saintes-Maries-de-la-Mer (photo Luc Long)




Evocation de l'embouchure antique du Rhône de Saint-Ferréol avec les épaves échouées (dessin cahier de fouille Luc Long)



mercredi 8 mai 2019

UNE SOCIETE DE PRODUCTION DU PLOMB IBERIQUE

La poursuite de la campagne de fouille en Camargue, par Luc Long et son équipe, à bord du navire Triton (DRASSM), a porté sur l'épave SM35. Ce chargement de lingots de plomb déclaré par Pascal Chabaud, par 15 m de fond, avait déjà été expertisé une première fois en 2016, par mauvaise visibilité. La mission complémentaire de 2017 a permis de circonscrire le jas d’ancre, de 1,20 m de long, à l’ouest du gisement, et de comptabiliser plus d’une trentaine de lingots de plomb en place, de forme tronco-pyramidale, pesant chacun une trentaine de kg. Parmi les inscriptions, une marque commerciale inscrite en relief dans un cartouche rectangulaire, sur le dos des lingots, indique qu'ils étaient produits par une société de publicains : SOC(ietas) AE(li) CORN(elli), dont le nom est lié à gauche à la représentation d'un bovidé. Ces sociétés, qui se livraient à des activités de grande envergure, exigeaient beaucoup de capitaux et constituent sans doute l'équivalent antique des sociétés par action.


Vue du jas d'ancre en place, à côté de l'épave (®  Luc Long ; Giorgio Spada 2ASM)


 
L'un des lingots du chargement complètement concrétionné  (® Luc Long, Laurent Masselin 2ASM)

mardi 5 décembre 2017

LE RHONE LIVRE UNE STATUE DU DIEU PAN


La fouille stratigraphique patiemment menée au fond du Rhône dans la zone de déversement d’un groupe statuaire où fut découvert le portrait de César, a livré encore cette année de nouveaux éléments de sculptures. Il s’agit notamment d’un fragment de cuisse en marbre, au pelage poilu, qui se rapporte au dieu Pan, divinité de la nature, protectrice des bergers. On distingue les pattes et la tête d'une peau de chèvre qui pendent sur sa hanche. D’autres morceaux de marbre laissent penser à un groupe de plusieurs personnages.

Le fragment de statue de Pan découvert au voisinage d'amphores du IVème siècle de notre ère ® Pierre Blanchard 2asm

Dessin du fragment de marbre et premières hypothèses, carnet de fouille 2017 ® Luc Long DRASSM


Dessin de reconstitution d'un groupe statuaire avec Pan, carnet de fouille 2017 ® Luc Long DRASSM

samedi 18 novembre 2017

UNE NOUVELLE CALIGA ROMAINE SORTIE DU RHONE


Admirablement ciselée et très bien conservée, une nouvelle sandale romaine en cuir vient d’être retrouvée lors de la fouille du Rhône 2017. Collée à un fond d’amphore par le concrétionnement des clous en fer de son épaisse semelle, cette caliga a été ainsi protégée de l’action du fleuve durant 2000 ans et a pu garder son volume et sa forme. Actuellement en traitement au laboratoire Arc-Nucléart de Grenoble, elle va bientôt compléter la collection du musée départemental antique d’Arles, issue du Rhône, comme c’est le cas d'une autre très belle chaussure militaire de type calceus, découverte en 2014 en stratigraphie par l'équipe DRASSM-2ASM.

Sandale en cuir romaine découverte en 2017 ® Luc Long (DRASSM)

Vue de face de la caliga issue du Rhône en 2017 ® Luc Long (DRASSM)




Chaussure découverte dès 2014 par l'équipe de fouille 2ASM ® Luc Long (DRASSM)

mercredi 8 novembre 2017

LE PONT DE BATEAUX MEDIEVAL

Repéré dans le Rhône dès 2016, un monument méconnu d’Arles se dresse sur plusieurs assises, par 8 m de fond, en rive droite. Il s'agit d'une grande pile maçonnée en pierres à bossage, avec marques de tâcheron, au débouché de la rue Léon Blum. Sise à 30 m dans le prolongement d’une arcade encore visible dans le quai actuel, c'est sur cette troisième arche en forme d'avant-bec que devait s'amarrer le pont de bateaux médiéval. Après analyse dendrochronologique, un élément du batardeau en bois encore en place date cet ensemble monumental des premières décennies du XIIIème siècle.   


Vue des pierres à bossage de la dernière assise ® Pierre Blanchard 2ASM
Plusieurs assises superposées sont visibles avec des marques de tacherons ® Pierre Blanchard 2ASM

Eléments du batardeau utilisé pour assécher la zone, au pied de l'édifice ® Pierre Blanchard 2ASM


Reconstitution hypothétique du pont de bateaux médiéval au vu des éléments en place ® Luc Long DRASSM